Les parcours académiques des étudiants d’aujourd’hui varient énormément. On rencontre des étudiants ayant complété un baccalauréat en génie mécanique poursuivant leur étude en sciences infirmières. Des étudiants en graphisme changent leur parcours pour les sciences biologiques et d’autres décident d’abandonner leurs études en médecine pour étudier le marché de la bourse. En ce qui concerne Philipa Lévesque Damphousse, son parcours académique postsecondaire a débuté par des études en sciences sociales sans mathématiques au CÉGEP. Elle a ensuite entamé un baccalauréat en anthropologie dans l’optique d’étudier l’évolution humaine sous tous ses aspects. Les cours contenus dans le profil bioanthropologie ont suscité un intérêt chez elle pour un domaine assez différent; la biologie moléculaire. Philipa a décidé de faire ses cours de base en chimie et en biologie afin d’obtenir les préalables pour étudier en sciences biologiques.
L’étudiante a été charmée, dès le début, par le mystère de la science : « Je n’avais jamais entendu parler de la biologie moléculaire avant d’assister à mon premier cours de biologie cellulaire. L’inconnu de ce domaine et la passion de mon professeur m’ont confirmé que j’avais fait le bon choix de me diriger vers ce domaine. Les molécules sont abstraites et ont une énorme influence sur la complexité de la physiologie animale. Tout cela m’impressionnait beaucoup et je n’ai aucun regret pour ce changement académique, » mentionne-t-elle.
Percer dans le domaine des sciences de la vie n’est pas toujours évident. C’est un milieu rempli de talent, ce qui augmente la compétition pour s’illustrer. Certaines personnes croisent le chemin des étudiants et leur offrent une première chance de démontrer leur potentiel et leurs compétences. Étant de nature dévouée dans ses études, Philipa a mis tous les efforts possibles afin d’obtenir un stage dans un laboratoire de l’Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM) dès la deuxième année de son baccalauréat. C’est grâce à son travail acharné et à la chance que lui a donnée Dr Jennifer Estall que Philipa a réussi à se tailler une place dans le Laboratoire de Mécanismes moléculaire du Diabète. Une fois le stage complété, Dr Estall lui a offert de continuer avec leur équipe dans le but d’y accomplir une maîtrise de recherche. Depuis, elle travaille sur l’étude des différents biomarqueurs circulatoires pouvant être libérés par les cellules du foie en mauvaise condition.
« Mon but est de valider les protéines circulatoires que nous avions identifiées comme étant associées à la stéatose hépatique non alcoolique et de déterminer leur impact biologique dans le développement de la maladie. Le défi de mon projet de recherche est de regarder si la concentration de ces protéines dans le sang varie avec la progression de la maladie. Si tel est le cas, ces protéines peuvent être identifiées comme des biomarqueurs de la maladie. Un biomarqueur est une protéine qui circule dans le sang. Celles-ci peuvent être utilisées comme indicateurs d’une maladie, » explique Philipa.
Bien souvent, la stéatose hépatique non alcoolique est asymptomatique et peut mener aux stades avancés de la maladie, à la cirrhose et même au cancer du foie. Actuellement, les biopsies et les techniques d’imagerie sont les seuls outils permettant le diagnostic précis de la maladie. Il existe d’autres techniques de diagnostic qui ne sont cependant pas fiable à 100%. Les études de l’étudiante- chercheure, lors de sa première année de maîtrise, lui ont permis d’acquérir de l’expérience en vulgarisation scientifique et de l’aisance à présenter son projet de recherche. En 2017, Philipa a fait une présentation de ses recherches lors du « Keystone Symposia» au Colorado devant un grand auditoire où elle a pu échanger avec des acteurs en biologie cellulaire et moléculaire en plus de se faire connaître du milieu scientifique. Une bourse lui a récemment été remise par le Centre de recherche du diabète de Montréal pour le travail accompli dans le cadre de son projet de recherche. Elle a aussi présenté, sous forme d’affiche, son projet lors de la 24e journée scientifique en biologie moléculaire de l’Université de Montréal où elle a gagné un prix monétaire grâce à son aisance et à la maîtrise qu’elle avait de son projet. La maîtrise de Philipa s’est terminée en beauté avec une publication scientifique.
Philipa voit ses études comme une priorité et aimerait poursuivre la recherche en intégrant les compétences qu’elle a acquises pendant sa majeure en anthropologie aux principes de la biologie moléculaire : « Je désire terminer ma maîtrise et concentrer mes efforts sur mon projet actuel. Je ne ferme pas la porte à retourner à l’anthropologie. Qui sait, j’étudierai peut-être l’évolution de l’Homme en utilisant différentes notions des sciences biologiques! »
Son parcours aux domaines d’études multiples lui permet d’élargir son champ de compétences et c’est le cas pour plusieurs jeunes étudiants d’aujourd’hui. Comme quoi, les changements de parcours ne sont pas une perte de temps, mais plutôt un avantage quand on sait comment bien jumeler les compétences acquises.